jeudi 30 octobre 2014

Roman sans nom - Chapitre 1



Il y a maintenant deux ans (et oui, ça commence à faire longtemps), je me suis lancée dans l'écriture d'un roman à partir d'une ou deux idées qui me trottaient dans la tête. Je ne suis pas très assidue dans mon écriture, si bien que ce roman a bien du mal à avancer. Pourtant j'ai beaucoup d'idées concernant la suite, si bien que même s'il me faut encore plusieurs années, je compte mener ce projet à bien.

Ce soir j'ai décidé de partager avec vous le premier chapitre de ce roman qui est encore sans nom (là aussi j'ai des idées mais je n'ai pas encore décidé). J'aimerais vraiment connaitre votre avis, et vos retours sur mon style d'écriture, pour savoir si je m'engage dans la bonne voie et surtout pour m'améliorer (je pense que toute critique est constructive).

J'ai essayé de corriger le maximum de fautes d'orthographes, et en relisant je pense encore changer certains passages, mais je vous montre quand même cette version car sinon je ne le ferais jamais car je suis une éternelle insatisfaite !

Bonne lecture à tous ♥

Chapitre 1: Un nouveau départ

Nom: Swann
Prénom:Melissa
Age: 19 ans
Qu'aimez-vous le plus chez les autres ? C'est quoi ça, il faut vraiment que je réponde ?

Melissa releva la tête. Elle était dans un grand hall nimbé d’une lumière vive qui traversait les immense baies vitrées, et qui par la même occasion lui faisait mal aux yeux. Le plancher était constitué d'une pierre blanche. Du marbre ? Non ce n'était pas possible, ils n'étaient quand même pas assez riche ? Ou alors, c'était qu'ils devaient demander une grosse somme à ses parents pour pouvoir se payer ce luxe. La jeune femme secoua la tête, elle s'éloignait vraiment de sa première occupation. Elle se demandait encore comment elle avait fait pour arriver dans cet établissement. Bien que la chaleur caresse sa peau, elle avait l'impression que tout était froid autour d'elle. Ses yeux lagunes passèrent d'un groupe d'élèves qui discutaient assez fort, à des étudiants isolés, occupés à répondre au même questionnaire qu'elle. Ce fameux questionnaire ! Mel l'avait récupéré au secrétariat quelques minutes auparavant, après avoir déposé ses dossiers d'inscription. Nous étions le premier jour d'une nouvelle année scolaire, et celle-ci commençait avec un temps magnifique. C'était la fin de l'été à Paris, les arbres brunis par le soleil étaient la preuve de son passage prolongé dans la région. Melissa chérissait cette chaleur, elle aimait sentir le soleil sur sa peau, déposant sur celle-ci son halo brun, et réchauffant son cœur. Elle était arrivé en ville une semaine auparavant, et au lieu d'aller visiter cette grande citée, elle avait préféré se prélasser au soleil dans le parc public en face de son hôtel. Désormais cette détente lui serait impossible, car sa nouvelle chambre se situait dans l'internat de l'école, et le seul parc qu'elle aurait à disposition serait celui situé derrière le grand bâtiment. Cependant, elle savait qu'il serait occupé par tous les élèves, et elle n'aimait pas vraiment se montrer en spectacle, ses préférences seront de rester tranquillement dans sa chambre en espérant que ses colocataires la laisseront seule.

Enfin, elle n'en était pas encore là, il fallait déjà qu'elle remplisse cette foutu fiche. La secrétaire le lui avait donné, lui précisant qu'elle allait servir au bureau des étudiants pour l'intégration des nouveaux. Une idée était alors immédiatement venue à la jeune femme: il fallait qu'elle se fasse la plus discrète possible, pas question qu'elle ne soit le centre de l'attention. De nouveau elle leva la tête vers les élèves qui l'entouraient. Elle n'était pas la seule à tenir cette fiche jaune, il y avait de nombreux élèves qui paraissaient aussi perdu qu'elle. Le soulagement emplie son cœur et détendit son corps. Son regard croisa un groupe de jeunes brandissant leur fiche jaune, ils s'agglutinaient autour d'autres étudiants portant des tee-shirts jaunes. Mel n'arrivait pas à lire ce qui était écrit dessus, mais elle devina aussitôt qu'il s'agissait du bureau des élèves et elle s'efforça de se dépêcher de finir de remplir sa fiche. Elle gomma les mots qu'elle avait inscrits précédemment, et fit glisser son crayon sur le papier couleur.

Qu'aimez-vous le plus chez les autres ?  La gentillesse, la tendresse, l''amitié et l'amour qu'ils peuvent porter aux autres.
Qu'aimez vous le moins chez eux ? Je n'aime pas la méchanceté, l'irrespect, et la violence. Je n'aime pas non plus lorsqu'ils boivent à en devenir malade, il n'y a vraiment aucune raison à ce débordement.
De quoi avez-vous le plus peur ? J'ai peur des araignées et de me retrouver seule devant un public.
Qu'attendez-vous de cette année ? Pouvoir étudier tranquillement, et en apprendre plus sur ce que je suis.

A quoi allaient bien pouvoir servir ce questionnaire ? Melissa n'en savait rien, mais elle voulait éviter d'y penser, car elle n'avait aucune envie que ce qu'elle avait écrit ne se retourne contre elle. Bien sur elle aurait pu mentir, mais elle n'était pas très bonne menteuse, et elle n'avait pas le temps de réfléchir à de bons mensonges. Elle s'approcha donc de la petite foule qui venait de se former devant les tee-shirts jaunes. Après avoir évité les coups de coudes, elle put remettre sa feuille au plus grand d'entre eux, celui qui semblait les diriger vu sa carrure et le mot « Big Boss » écrit sur son tee-shirt. Il lui adressa un petit sourire qu'elle remarqua à peine, préférant sortir précipitamment de ce troupeau de bêtes sauvages. Melissa se dirigea rapidement vers un coin assez à l'écart, mais  près d'une fenêtre pour qu'elle puisse sentir de nouveau le soleil sur sa peau. Elle pu admirer correctement l'entrée de l'établissement. La pelouse était verte pomme, et magnifique, d'épaisses et de hautes haies cachaient la vue de la rue, donnant l'impression que l'école était coupé du monde.       Des pavés joliment polies menaient à la porte d'entrée imposante faite de nombreuses vitres pour laisser passer le plus de lumière possible. Elle était assez moderne mais le bâtiment en lui même était plus vieux. La couleur grisâtre des murs extérieurs en étaient la preuve, ainsi que les fenêtres aux contours dorés.

Que faisait-elle ici ? La jeune femme le savait mais elle avait besoin de se le rappeler sans cesse pour ne pas se sauver rapidement de cet endroit. C’était elle qui avait choisi cette école ou plutôt c’était l’école qui avait voulu d’elle et qui avait fait tout ce qu’elle pouvait pour la convaincre de venir ici. En effet, l’année précédente, avant d’obtenir son bac avec la mention « Très bien », Melissa s’était intéressée aux grandes écoles dispensant des cours d’informatiques. Elle avait toujours excellé dans ce domaine, et ses notes avaient toujours frôlés les maximales. Quelques mois avant la fin de ses études secondaires, l’école Ortensia l’avait contactée en lui vantant les mérites de ses prestigieux enseignements. Au départ, elle avait peu prêté attention à cette école, surtout que celle-ci se situait au cœur de Paris et qu’elle avait cette ville en horreur, mais après avoir reçu de nombreuses lettres de leur part, elle s’était laissé convaincre de venir étudier ici. Si cette école s’intéressait autant à elle c’était qu’elle pouvait lui offrir les meilleurs enseignements, alors pourquoi ne pas leur accorder sa confiance ? Et puis qui pouvait résister à l’attention toute particulière qu’ils lui avaient adressée ?  

Ortensia était une école d’une grande réputation dans le monde entier. Dispensant  des cours de mathématiques appliquées, de biologie et d’informatique, elle comptait parmi ses anciens élèves de grands dirigeants d’entreprise ainsi que des sportifs médaillés. En effet, le sport avait toujours été plébiscité par cette école qui se félicitait de cultiver des sportifs de haut niveau. Pour avoir la chance d’étudier ici, il fallait soit avoir des parents influents, soit avoir de grandes compétences sportives ou intellectuelles. Mel’ faisait parmi de la dernière catégorie.

Voilà comment elle était arrivée dans cet établissement. Certes cela avait été entièrement son choix mais comme chaque fois qu'elle arrivait dans un endroit qu'elle ne connaissait pas elle se sentait mal à l'aise. La jeune femme avait toujours été très timide, et sa peur de la nouveauté n'arrangeait pas les choses. Comment s'intégrer quand on ne pouvait pas aller vers les autres ? Et bien, on ne s'intégrait pas vraiment. Elle avait toujours préféré ne pas être au centre de l'attention, ainsi elle restait souvent seule dans son coin, ou alors elle écoutait ceux qu'elle connaissait parler entre eux, préférant écouter plutôt que parler. Elle n'avait pas vraiment eut de vrais amis, car les amis discutent entre eux, ils échangent ce qu'ils pensent, ce dont ils souffrent... Cependant personne n'avait réussit, ou même voulut la faire sortir de sa carapace et la pousser à parler. Tous essayaient rapidement au début, lui posant quelques questions, puis à force de voir qu'elle ne faisait que répondre brièvement sans rien ajouter de plus, ils finissaient par laisser tomber et ne lui parler que lorsqu'ils avaient réellement besoin d'un renseignement. Voilà comment avait toujours été sa petite vie, et elle n'était pas prête de changer... Enfin, c'était ce qu'elle pensait.
Une voix hurla dans un micro, l'obligeant à sortir de sa rêverie. Melissa sursauta à l'écoute de cette voix suraiguë. Elle se sentie affreusement bête, mais un coup d'œil aux alentours lui permis de constater que personne ne l'avait vue.

-          Ce message est destiné à tous les nouveaux élèves: il vous est désormais possible de venir récupérer votre numéro et clé de chambre au secrétariat. Veuillez s'il-vous-plait ne pas vous bousculer et construire une belle file d'attente. N'oubliez pas qu'à 18h30 vous avez tous rendez-vous dans le jardin pour un repas commun, et des activités avec le BDE. Merci de votre compréhension.

A peine la voix s'était tue qu'une foule d'élève se dirigeait vers le secrétariat. Déjà on jouait de coups de coude pour pouvoir accéder le plus rapidement au bureau et ainsi  être le premier à entrer dans sa chambre. Dans le monde impitoyable des étudiants, les premiers étaient les seuls gagnants, les autres n'héritaient que du plus mauvais lit, et du moins de place possible pour ranger ses affaires. Bien que Melissa connaissent toutes ces règles, elle ne se précipita pas vers le bureau. Rien que l'idée de se retrouver collée à d'autres étudiants,  et sentir la sueur émaner de ce troupeau, la répugnait. Elle préférait rester sagement dans son coin à attendre que les autres se battent, quitte à arriver la dernière. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit, mais pour sa plus grande déception, plutôt que de passer inaperçue, elle le centre d'attention des tee-shirt jaunes qui se trouvaient à quelques pas d'elle. Leur chef lui fit un petit signe de la main tout en lui révélant son plus beau sourire. Mel' lui renvoya son signe avec un sourire forcé, et du se contraindre à se rapprocher de la foule. Elle espérait que cela découragerait le jeune homme à venir la voir pour discuter. En fait ce n'était pas vraiment le jour pour venir discuter avec elle. La jeune femme était fatiguée par ce jour de rentrée, et surtout stressée par toute cette nouveauté. Devoir trouver un sujet de discutions, ou même devoir répondre à des questions par de longues phrases, étaient la dernière chose dont elle avait envie aujourd'hui. La laisser tranquille pendant une journée, était-ce trop demander ?

Après quelques minutes d'attente dans la foule, Melissa récupéra la clé de sa nouvelle chambre. La secrétaire lui avait dit qu'elle se trouvait au dernier étage et qu'elle était en colocation avec deux autres jeunes filles de première année. C'est ainsi, qu'une clé dans la main, et son sac noir de taille moins imposante que celui de la plupart des autres jeunes femmes, elle entreprit de monter les escaliers. Après avoir monté deux étages, un autre groupe de jeunes se joignit à elle. Ils finirent même par la doubler, trouvant son pas trop lent. Ce n'était pas à cause de la fatigue qu'elle se déplaçait aussi lentement, car son sac n'était pas trop lourd, mais plutôt parce qu'elle n'avait pas hâte de partager sa chambre avec d'autres. Elle se rappelait encore le temps où elle occupait seule une petite chambre douillette, un endroit où elle pouvait se reposer, et même pleurer sans que personne ne la dérange. Ce ne serait désormais plus le cas, il lui faudrait trouver un autre endroit pour passer sa peine... Alors qu'elle rêvassait de son ancienne vie, un jeune homme qui s'était détaché du groupe qui l'avait doublé, s'adressa à elle:

-          Tu veux que je porte ton sac ? Dit-il d'une voix suave.
-          Non merci, je peux le faire toute seule, je ne suis plus une petite fille, répondit-elle sans même lever les yeux vers lui.

Non mais pour qui se prenait-il pour la croire si faible. Elle n'était pas une de ses barbies qui possédaient des sacs qui pesaient deux tonnes et qui ne supportaient pas de les porter de peur de se casser un ongle. Elle n'était pas comme ça, et elle ne se laisserait pas prendre de haut par un macho.

-          J'insiste. Je ne voudrais pas que tu te fasses mal le premier jour.
Il s'approcha d'elle et tendit un bras vers la main qui tenait son sac.
-          Non, répéta-t-elle en serrant son sac contre son corps pour qu'il ne s'en empare pas. Va plutôt aider   quelqu'un d'autre, et si tu veux sauver de jeunes demoiselles en détresse, j'en ai vu plein en bas de l'escalier.

Mel' savait que son ton était sec,  et qu'elle n'avait aucune raison d'être aussi agressive envers lui, mais elle était fatiguée et stressée, et son cerveau prenait toute approche comme une attaque. Elle ne voulait pas être traitée comme une pauvre femme sans défense. Elle était sportive et capable de surmonter l'épreuve des escaliers.

-          Si jamais tu as besoin d'un service, demande-moi.
-          Ce jour n'est pas près d’arriver.

Melissa leva la tête à temps pour apercevoir une pointe de tristesse dans les yeux amandes de l'inconnu. Elle accéléra aussitôt le pas pour le doubler, le laissant en plan dans l'escalier, comme un chien abandonné. Elle savait qu'elle avait été méchante pour rien, mais elle ne pouvait plus revenir en arrière, et encore moins aller s'excuser, ce serait comme avouer sa faiblesse. Cependant, bien qu'elle n'ai vu qu'une partie de son visage, elle ne pourrait pas oublier ses yeux marrons, des yeux magnifiques.

Après quelques minutes de marche supplémentaire, la jeune femme arriva devant sa chambre, la 40. Les deux chiffres étaient gravés sur le bois de cette porte de couleur brun foncé. La poignée était de couleur or, et très joliment taillée. Mel' posa sa main dessus et la tourna lentement. Lorsque la porte s'ouvrit, elle dévoila sa nouvelle demeure. En face d'elle une large fenêtre apportait énormément de lumière à la pièce, ainsi qu'une vue magnifique sur le jardin arrière de l'établissement. A droite, près de cette ouverture, un lit une place trônait. Il était d'une autre époque, ceci se voyait à la façon dont il avait été travaillé et aux dorures, mais il restait somptueux. De l'autre côté, un lit superposé était posé contre le mur beige. Il 'était plus récent mais ne jurait pas avec le reste de la décoration. Même le lustre n'était pas tout jeune, il ressemblait à celui qu'on trouvait dans les maisons de nos grands-parents. Melissa s'avança dans la pièce, et ferma lentement la porte derrière elle. Il y avait déjà des affaires posées sur le grand lit et d'autres étaient posés en désordre sur le moquette marron. Ses futures colocataires étaient déjà arrivées. Elle devina des voix venant de derrière une porte située près des lits superposés et s'approcha lentement, tenant toujours fermement ses affaires. Elle ne souhaitait pas les abandonner n'importe où sur le sol de peur que quelqu'un ne les lui prenne. C'était tout ce qui lui restait de sa vie d'avant, et tout ce dont à quoi elle tenait énormément. Alors qu'elle se dirigeait vers ce qui semblait être la salle de bain, la porte s'ouvrit et deux jeunes femmes déboulèrent rapidement. Elles furent coupées dans leur conversation lorsqu'elles aperçurent Melissa. En quelques secondes la pièce fut silencieuse. Les jeunes femmes s'observaient, et se détaillaient de haut en bas, comme si elles pouvaient tout apprendre sur l'autre en la regardant.
Les deux jeunes femmes avaient sensiblement la même taille mais les traits de leur visage ne leur donnaient pas le même âge. Celle qui semblaient être plus âgée était blonde, et ses cheveux or qui tombaient sur ses épaules carrés, descendaient jusqu'en bas de son dos. Ses yeux bleus scrutateurs révélaient sa façon de juger les autres et pouvaient faire baisser les yeux aux plus faibles. Sa façon de s'habiller n'arrangeait rien au tableau: jupe assez courte, talons hauts et petit débardeur qui révélait une bonne partie de sa peau bronzée. Elle faisait sans aucun doute partie des fille-qui-se-croient-meilleures-que-tout-le-monde. Mel' détourna son regard de cette pom-pom girl pour s'intéresser à la plus jeune. Elle était brune, sa chevelure descendait jusqu'à ses épaules, et une mèche cachait une partie de son visage angélique et enfantin. Ses yeux marron s'étaient détournés lorsqu'elle avait vu Melissa la regarder, ce qui trahissait sans aucun doute une certaine humilité. Ses habits restaient sobres et pas provoquant, ce qui rassura la jeune femme. Au moins elle ne serait pas la seule à ne pas suivre la mode dans cette chambre.

Ce silence, et cette inspection finit par mettre Mel' très mal-à-l'aise. Elle ne supportait pas de juger les autres simplement d'un coup d'œil. Elle fut alors la première à briser le silence.

-          Bonjour. Je m'appelle Melissa.
-           Moi c'est Alizée, et voici Mégane, dit la plus jeune avec un sourire au visage.
-          Bonjour, ravie de te rencontrer, ajouta Mégane. J'ai déjà prit le plus grand lit, j'espère que ça ne te dérange pas.

A en croire le sourire forcé qui se dessinait sur ses lèvres, ainsi que le ton de sa voix, ceci n'était pas vraiment une question, et il fallait mieux que Melissa ne proteste pas ou alors elle aurait des problèmes.

-          Il n'y a aucun problème, je prendrais un des lits superposés.
-          Ça ne te dérange pas d'être sur celui en hauteur ? En fait j'ai peur de te déranger toutes les nuits s’il faut que je monte et descende sans arrêt, dit Alizée d'une petite voix.
-          Sans aucun problème, je vais d'ailleurs aller m'installer.

Mel' coupa court à la discutions, d'ailleurs elle n'était toujours pas d'humeur à discuter. C'est ainsi que dans le silence, elle prépara son lit et rangea toutes ses affaires dans le placard  en bois situé près de la porte d'entrée. Heureusement, Mégane avait un petit placard près de son lit, Alizée et Melissa pouvaient alors se partager tranquillement le plus grand. Elle était plutôt contente d'être dans le lit avec Alizée, car son caractère ressemblait plus au sien que celui de Mégane.
Cela faisait une heure que Melissa était arrivée dans sa nouvelle chambre et avait découvert ses nouvelles colocataires. Elle s'était préparée pour la fête et avait ouvert la fenêtre pour laisser entrer l'air frais et regardait le soleil se coucher au loin, toujours perdue dans ses pensées. Elle n'avait même pas entendue Mégane aller prendre sa douche, ni même Alizée s'approcher d'elle.

-          C'est beau, hein, dit-elle d'une voix rêveuse.
-          Oui, ça l'est.
-          Je suis contente d'être ici, c'est bien mieux que chez moi. Pas toi ?
-          Si, si c'est sur...dit-elle d'une petite voix.

Melissa ne savait même pas si cet établissement était mieux que chez elle. En réalité, elle n'y avait pas beaucoup réfléchit, elle avait simplement était stressée par son arrivée dans un nouvel endroit.

-          Tu sais, j'habitais dans le sud de la France lorsque j'étais un peu plus jeune. Il faisait toujours beau et chaud, j'avais beaucoup d'amis d'enfance... Enfin tout allais bien. Et puis j'ai dû quitter mon village pour venir à Paris, tout ça à cause de la mutation de mon père. Mes parents avaient déjà arrangés mon départ, ils voulaient que je les suive. Bref la vie à Paris ce n’est pas de la tarte, même si ici je peux faire autant de lèche vitrine que je veux, ma vie dans le sud me manque. Heureusement que j’ai trouvé cette école…ou plutôt devrais-je dire que c’est eux qui m’ont trouvés ! Je vais pouvoir faire ce que j’aime : étudier la biologie, c’est toute ma vie. Enfin assez parlé de moi : tu viens d’où ? Tu es aussi venu ici étudier la biologie ?

Melissa avait écouté avec attention son récit. Bien qu'il lui ait semblé étrange que la jeune femme se confie aussi rapidement à elle, elle n'avait pas fait mine de ne pas être intéressée. Effectivement, elle  était toujours à l'écoute des autres, et même si ceux-ci n'avaient jamais été tendre avec elle. Si elle avait pu, elle aurait prit toute la souffrance aux autres pour se l'infliger à elle tant elle détestait les voir souffrir. C'était dans son caractère, elle n'y pouvait rien, et pour rien au monde elle ne voulait changer cette sensibilité. Cependant, elle n'était pas extravertie, mais plutôt timide et renfermée, surtout avec ceux qu'elle ne connaissait pas. Ainsi, quand Alizée lui demanda d'où elle venait, Mel' ne pu répondre tout de suite. Les souvenirs affluèrent rapidement dans son esprit, le tourmentant, et l'obligeant à se rappeler de son enfance:

Lors d’un après-midi ensoleillé, elle était venue au monde dans un hôpital très réputé de Paris. Entourée de plusieurs infirmières bien trop maquillée, l’enfant fut lavé et placé dans les bras de ses parents, entre qui l’amour ne cessait de croître. Elle fut très vite entourée de douceur et de tendresse, dans le grand appartement situé dans l’un des grands buildings de Paris. Trop vite pour ses parents, elle devint une petite fille, à la chevelure noire aussi longue que celle des princesses des contes de fées, et au visage de l’ange qu’était sa mère. Rien ne lui manquait, toutes les poupées dont ses amies rêvaient, elle les avait, sa mère était sans cesse chez elle et lui donnait toute sa tendresse, l’appartement était assez grand pour organiser de grandes parties de cache-cache avec ses copain de classes de maternelle. Et pourtant, son père n’était jamais là, et derrière son sourire angélique Melissa cachait qu’il lui manquait. Sa mère en souffrait aussi, mais la petite fille était trop jeune pour le voir. A cet âge les adultes semblent capables de ne jamais être triste, de ne jamais pleurer. A l’âge de 4 ans, alors que l’enfant portait encore des couches-culottes, cette image protectrice des parents fut brisée par la dépression de sa mère. Elle ne comprit pas ce qui arrivait à sa mère, et ne cessa de la questionner, restant au pied de son lit dès qu’elle le pouvait. L’année qui suivit l’état de sa mère s’aggrava  et son père ne fut pas plus présent.

Sa maison était devenue pour elle le repère du mal, et la petite fille préférait les jours d’école au week-end. Sa mère pâle et mourante lui faisait peur, et elle n’osait plus aller la voir lorsqu’elle était seule. C’est dans cet univers traumatisant pour un enfant que Melissa vécue une année.

Un soir, alors que son père était resté chez eux durant une semaine, celui-ci l’emmena dire au revoir à sa mère, lui annonçant qu’elle allait partir en vacance chez sa tante pendant plusieurs semaines. La petite fille ne broncha pas, ne sachant pas que c’était la dernière fois qu’elle verrait sa mère. Une semaine plus tard, sa tante et son oncle, lui annoncèrent sa mort. Melissa ne comprit pas de suite l’information tragique, elle était encore jeune et pensait que la mort n’existait pas. Pourtant lorsqu’elle rentra chez elle, elle eut beau chercher de partout, elle ne trouva aucune trace de sa mère. Sa chambre avait été vidée de tous ses meubles et de toutes ses grandes robes que la petite fille avait toujours aimé porter pour se déguiser. Durant plusieurs jours, la tristesse s’empara de son petit cœur, et chaque nuit, elle en pleura toutes les larmes de son corps. La réalité avait frappé son cœur d’enfant, la faisant grandir trop vite. Une nounou s’occupa d’elle pendant un an, mais même si son père rentrait dans leur appartement plus souvent, le peu de temps où il revenait il avait trop but pour lui parler. Ce manque affectif ne l’aida pas à oublier sa mère, et aggrava la souffrance qu’elle cachait. L’année de ses six ans, son père l’envoya chez un ami à son grand-père qu’elle n’avait jamais connu, et Melissa ne broncha pas: elle désirait quitter cet appartement contenant bien trop de souvenirs.

Ce fut chez un vieil homme, étrange et mystérieux, habitant près de Nice, que la petite fille passa sa scolarité de primaire, ne voyant que très rarement son père. Dans cette petite maison rustique, Melissa apprit à vivre avec la nature et à se contenter du simple nécessaire. Cette vie moins luxueuse lui plut bien plus que celle qu’elle avait eut Paris. Cependant lorsqu’elle entra au collège, l’adolescente fut mal dans sa peau. Les boutons proliféraient sur son visage, et elle les cacha derrière sa longue chevelure brune. C’est à ce moment de sa vie qu’elle manqua le plus d’une mère. Se mettant beaucoup à l’écart, elle soufra en silence, ne parlant qu’au journal qu’elle tenait chaque jour. Ses notes n’étaient pas mauvaises, faute d’amis, elle travaillait énormément. A ses seize ans, une lettre arriva, lui annonçant la mort de son père. Son entreprise et toute la fortune de sa famille lui fut léguer. La jeune femme hériterait de ce pactole à ses 18 ans, pourtant durant les 2 années qui la rapprochèrent de la majorité, elle ne souhaita aucunement devoir utiliser cet argent. Cette vie luxueuse n’avait pas rendu sa mère heureuse et avait fini par détruire son père. Pourquoi voudrait-elle de la même vie qu’eux ? Refusant de se laisser ronger par la tristesse, elle avait passé tout son temps libre à travailler ses cours, si bien qu’elle fut rapidement première de sa classe. Les mathématiques, et surtout l’informatique,  devinrent ses matière de prédilection, si bien qu’elle en fit ses spécialités.

Voilà comment elle avait atterri ici. Tous ses souvenirs affectèrent la jeune femme, mais elle souffrait en silence, elle n'aimait pas partager sa peine. Son regard se posa sur Alizée qui attendait toujours une réponse de sa part. Soudain, ses dernières paroles la frappèrent : étudier la biologie? Non bien sur que no, elle était même heureuse de ne pas se retrouver dans ces clases bondées de filles toutes aussi hautaines les unes que les autres. L’informatique était le domaine qu’elle préférait : depuis son adolescence elle passe de nombreuses heures seule devant son ordinateur à naviguer sur la toile, à participer à des discussions sur des forums et à apprendre sans cesse de nouveaux langages de programmation. A défaut d’en avoir dans la vie réelle, son ordinateur devint son meilleur ami et son confident.

La jeune femme sortie de ses pensées et se tourna vers sa colocataire, enfin prête à lui répondre.  Elle savait qu'elle ne lui raconterait pas toute la vérité, mais elle voulait que ce qu'elle allait dire allait avoir l'air vrai.

-          J'habitais dans une petite maison dans le sud avec mes grands-parents. Mes parents sont souvent en déplacement alors ils ont préférés me laisser là-bas plutôt que m'emmener partout avec eux. Il y a un mois, ma grand-mère est morte de vieillesse. Je vivais donc seule avec mon grand-père. Et je suis venue dans cette école pour étudier l’informatique, la biologie ce n’est pas trop mon truc, je suis plus douée avec les machines qu’avec les humains.
-          Oh !  J’espère que tu pourras me faire travailler mes maths…je suis archi nulle dans cette matière depuis la primaire, renchérit-elle avec un petit sourire.

Un violent bruit vint interrompre leur discussion: c'était Mégane qui venait de sortir de la salle de bain et qui avait fait claqué volontairement la porte contre le mur. Elle avait une serviette sur les cheveux et n'était pas encore maquillée. A sa vue, Mel' se retint de rire, mais elle esquissa un petit sourire malicieux.

-          Mon séchoir m'a lâché ! J'en ai vraiment besoin, c'est vital les filles. Vous n'en auriez pas un à me prêter ?

Avant qu'elle n'ait eut le temps de réagir, Alizée avait courut jusqu'à son placard et avait tendue son sèche cheveux noir à la belle au bois dormant. Bon d'accord, elle n'avait pas vraiment envie de lui prêter simplement pour voir comment elle se serait débrouillé sans, mais elle aurait sans doute agit comme Alizée, simplement elle n'aurait pas accouru. En effet, elle préférait ne pas se mettre à dos ses colocataires le premier jour, ce serait assez embêtant pour la suite, et en particulier si elle voulait rester anonyme auprès des autres étudiants.

Alors que Mégane se séchait les cheveux et qu'Alizée tentait d'obtenir des conseils sur sa façon de s'habiller et de se coiffer, Melissa s'admira dans le miroir. Elle avait la taille qu'il fallait:1m68, ni trop grand, ni trop petit. Ses jambes fines et élancées lui donnaient des allures de mannequin. Ses cheveux noir descendaient jusqu'au milieu de son dos. Elle avait rabattue une mèche plus courte sur le côté droit de son visage pour pouvoir se cacher derrière. Depuis son plus jeune âge, c’était la combinaison de sa chevelure noire de jais et de ses yeux bleu lagon qui suscitait l’admiration de la gente masculine. Cependant Mel’ n’avait jamais été très réceptive, elle n’aimait pas être au centre de l’attention, et surtout pas de celle des hommes. D'ailleurs, elle ne se prenait pas la tête avec son look. Elle ne suivait pas la mode, et excluait toute jupe et robe de sa garde robe, ainsi que les talons. Pour la soirée elle avait choisit un jean large qui ne dessinait pas ses formes et cachait ses pieds munis de baskets, ainsi qu'un tee-shirt noir à manches courtes, lui aussi assez large. Tout cela n'était pas sexy, et c'était bien ce qui comptait car pas sexy, pas remarqué ! Ses colocataires sortirent de la salle de bains, parfaitement maquillées, coiffée et habillées. Elles lui firent un signe de tête pour lui dire de les suivre à l'extérieur. Déjà les voix des élèves qui se précipitaient dans les escaliers lui parvinrent. Allez, il fallait qu'elle se motive un peu: ce n'était qu'une petite soirée, elle pourrait passez inaperçu dans cette foule et ainsi ne participer à aucun des jeux débiles proposés par le BDE. Il fallait qu'elle le fasse, et qu'elle soit courageuse. Avant de changer d'avis, Melissa s'empara d'une veste noire et sortit rapidement de la chambre.

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